- BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE
- BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCEBIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCELa Bibliothèque du roi, qui est à l’origine de la Bibliothèque nationale, rebaptisée Bibliothèque nationale de France en 1994, apparut à la Renaissance. Charles VIII en amorça la création lorsqu’il joignit aux manuscrits de ses parents des volumes de la Bibliothèque des rois de Naples. Plus tard, Louis XII réunit à ce fonds primitif la librairie familiale, qui comprenait les livres de son père, le poète Charles d’Orléans, ainsi que la collection des Visconti-Sforza saisie à Pavie, et abrita le tout dans une galerie de son château de Blois. Puis François Ier réunit à la librairie de Blois les manuscrits de son père, nomma en 1518 Guillaume Budé maître de sa librairie et développa à Fontainebleau un fonds de manuscrits grecs et orientaux.Placée sous la direction de Jacques Amyot, la Bibliothèque du roi fut transférée à Paris en 1570, mais resta sans locaux fixes pendant près d’un siècle. Cependant, le chancelier Séguier faisait entrer en 1635 dans les faits la règle, toute théorique jusque-là, du dépôt légal, disposition stipulant qu’un exemplaire de chaque livre imprimé en France doit être déposé auprès du bibliothécaire du chancelier. Puis Colbert donna à l’établissement toute son importance dans le système monarchique. Pour mieux veiller sur lui, il l’installa au fond du jardin de son hôtel, dans un local correspondant aujourd’hui au 16 de la rue Vivienne, et chargea son ancien bibliothécaire, Nicolas Clément, de mettre au point la classification du fonds, encore utilisée de nos jours.Mais ce fut grâce à l’abbé Bignon, grand maître de la Librairie de 1718 à 1741, et à ses successeurs, que la Bibliothèque du roi prit au cours du XVIIIe siècle son aspect définitif. Elle fut alors divisée en cinq départements (Manuscrits; Imprimés; Généalogie et Titres; Estampes; Médailles et Antiques), et reçut dans son personnel une pléïade de savants remarquables. L’architecte Robert de Cotte la dota de nouveaux bâtiments fonctionnels — notamment le bâtiment de façade sur la cour d’entrée qui comprenait une salle de lecture, actuellement utilisée pour les manuscrits.Lorsque la Révolution éclata, la Bibliothèque comprenait la plus belle collection de manuscrits d’Europe ainsi que 300 000 volumes imprimés et 300 000 pièces, et l’on avait commencé à en publier les catalogues.La Bibliothèque du roi, devenue Bibliothèque nationale puis impériale, reçut alors en priorité les ouvrages des établissements religieux dont les biens avaient été mis à la disposition de la nation, ainsi que les collections saisies sur les émigrés. Napoléon Ier entreprit même de la doter d’ouvrages confisqués à travers l’Europe, et dont la plupart furent restitués en 1815.Sous la Restauration, la Bibliothèque, redevenue royale, se trouva engorgée par l’accumulation de tant de trésors, auxquels venaient s’ajouter les impressions toujours plus nombreuses que procurait le dépôt légal. Elle put s’installer dans la galerie Mazarine, jusque-là occupée par le Trésor, mais l’espace qu’elle occupait restait toujours insuffisant. On projeta alors de la déplacer ou de construire sur place des locaux adaptés. Ce fut cependant sous Napoléon III que la réorganisation de l’établissement fut décidée et réalisée. L’architecte Henri Labrouste fut alors chargé d’en entreprendre la reconstruction; son œuvre maîtresse devait être la grande salle de lecture, inaugurée en 1868. La rédaction et la publication des catalogues furent alors reprises sous la direction de Jules Taschereau, mais l’essentiel du travail fut accompli en ce domaine par Léopold Delisle (1874-1905). Malheureusement, ses successeurs ne disposèrent pas des crédits qui auraient été nécessaires pour continuer cette œuvre à un rythme satisfaisant, si bien que l’inventaire des fonds anciens est resté inachevé.Il fallut attendre Julien Cain (1930-1964) pour que la Bibliothèque nationale connaisse une nouvelle période d’activité. Multipliant les expositions qui donnèrent à celle-ci un nouveau lustre, il fut l’instigateur d’importants travaux destinés à moderniser et à développer les magasins des Imprimés, dota ce département d’une salle de documentation moderne et restaura ou reconstruisit les départements des Estampes et de la Géographie. Après lui, la grande affaire fut d’introduire dans l’établissement les techniques toutes récentes de l’informatique et de développer les procédés de préservation de collections précieuses sans cesse consultées... Mais, désormais, les anciens bâtiments apparaissaient de plus en plus inadéquats face à l’augmentation vertigineuse du nombre des documents à conserver et des tâches nouvelles à accomplir. Surtout, il devenait impossible de faire face à l’afflux des lecteurs — d’autant plus que la création de la Bibliothèque publique d’information, au Centre Georges-Pompidou, malgré le succès qu’elle avait rencontré, n’avait pu pallier les carences du réseau de lecture publique parisien et que les bibliothèques universitaires parisiennes s’avéraient elles aussi très insuffisantes.Dans ces conditions, le président Mitterrand annonçait le 14 juillet 1988 son intention de faire construire et aménager «l’une ou la plus grande bibliothèque du monde». Le projet fut confié à l’architecte Dominique Perrault. Il fut décidé de transférer dans des bâtiments de 225 000 mètres carrés de plancher édifiés dans le XIIIe arrondissement la totalité des fonds des imprimés et des périodiques et d’y joindre des collections audiovisuelles, les départements spécialisés restant sur le site de la rue de Richelieu, qui ne constitueraient désormais que l’un des deux pôles principaux de l’ensemble baptisé Bibliothèque nationale de France. En même temps, on adoptait dans le nouvel ensemble architectural le principe de deux niveaux, l’un de 1 600 places réservé à la recherche et l’autre de 2 000 places destiné à un public plus large — sans compter 450 places pour la consultation des documents audiovisuels. En 1994, Jean Favier fut nommé président de la Bibliothèque nationale de France. Les bâtiments, en cours d’équipement, furent inaugurés en mars 1995 par le président de la République.
Encyclopédie Universelle. 2012.